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Annie Ernaux
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« Enfant, quand je m'efforçais de m'exprimer dans un langage châtié, j'avais l'impression de me jeter dans le vide. Une de mes frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m'aurait obligée à bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la bouche.
Puisque la maîtresse me «reprenait», plus tard j'ai voulu reprendre mon père, lui annoncer que «se parterrer» ou «quart moins d'onze heures» n'existaient pas. Il est entré dans une violente colère. Une autre fois : «Comment voulezvous que je ne me fasse pas reprendre, si vous parlez mal tout le temps !» Je pleurais. Il était malheureux. Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancoeur et de chicanes douloureuses, bien plus que l'argent. » Dominique Blanc restitue avec une grâce unique les paroles, les gestes et les goûts d'un père parfois mal compris, mais certainement aimé.
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Lu par Marina Moncade
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Un dimanche de ses dix ans, à la dérobée, Annie apprend qu'elle n'est pas enfant unique. Avant sa naissance, ses parents ont perdu une première fille, emportée par la diphtérie. Plus jamais Annie n'entendra un mot sur cette soeur inconnue dont elle ne semble être que la remplaçante, voire le négatif. Comment percer le mystère de cette petite sainte dont l'identité redéfinit la place d'Annie dans le trio familial ? Soixante ans plus tard, c'est l'écriture d'une lettre à cet étrange fantôme qui permet enfin à l'auteur d'approcher son double et de cerner l'origine de sa vocation d'écrivain.
Dans le style fluide et acéré qui rend son oeuvre unique et a fait d'elle l'un des plus grands écrivains français, Annie Ernaux revient sur un secret de famille fondateur et universel. -
" J'ai voulu l'oublier cette fille. L'oublier vraiment, c'est-à-dire ne plus avoir envie d'écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n'y suis jamais parvenue. " Dans Mémoire de fille, Annie Ernaux replonge dans l'été 1958, celui de sa première nuit avec un homme, à la colonie de S. dans l'Orne. Nuit dont l'onde de choc s'est propagée violemment dans son corps et sur son existence durant deux années.
S'appuyant sur des images indélébiles de sa mémoire, des photos et des lettres écrites à ses amies, elle interroge cette fille qu'elle a été dans un va-et-vient implacable entre hier et aujourd'hui.
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Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un «cadre», mère de deux enfants. Elle habite un appartement agréable. Pourtant, c'est une femme gelée. C'est-à-dire que, comme des milliers d'autres femmes, elle a senti l'élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d'enseignante. Tout ce que l'on dit être la condition « normale » d'une femme.
Avec un immense talent, Elsa Lepoivre de la Comédie-Française donne à entendre la voix brûlante de ce récit à la fois commun et saisissant. -
«À partir du mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi.»Annie ErnauxJuliette Binoche interprète avec sensibilité cette oeuvre essentielle d'Annie Ernaux, prix Nobel de littérature.
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« J'ai toujours eu envie d'écrire des livres dont il me soit ensuite impossible de parler, qui rendent le regard d'autrui insoutenable. Mais quelle honte pourrait m'apporter l'écriture d'un livre qui soit à la hauteur de ce que j'ai éprouvé dans ma douzième année. » Annie Ernaux Noémie Lvovsky s'empare avec douceur et précision de ce texte fondamental de l'oeuvre d'Annie Ernaux.
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«Ça suffit d'être une vicieuse, une cachottière, une fille poisseuse et lourde vis-à-vis des copines de classe, légères, libres, pures de leur existence... Fallait encore que je me mette à mépriser mes parents. Tous les péchés, tous les vices. Personne ne pense mal de son père ou de sa mère. Il n'y a que moi.» Annie Ernaux Un roman âpre, pulpeux, celui d'une déchirure sociale, par l'autrice de La place. Rebecca Marder interprète avec sensibilité ce premier roman d'Annie Ernaux, où sont déjà présents tous les thèmes qu'elle développera par la suite au fil de son oeuvre.
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En quelques pages, à la première personne, Annie Ernaux raconte une relation vécue avec un homme de trente ans de moins qu'elle. Une expérience qui la fit redevenir, l'espace de plusieurs mois, la «fille scandaleuse» de sa jeunesse. Un voyage dans le temps qui lui permit de franchir une étape décisive dans son écriture.Françoise Gillard, de la Comédie-Française, met en valeur ce texte clé de l'oeuvre d'Annie Ernaux, qui éclaire son rapport au temps et à l'écriture.
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Retour à Yvetot ; post-scriptum inédit
Annie Ernaux
- Des femmes
- Bibliotheque Des Voix
- 6 Juin 2019
- 3328140023916
Son enfance, sa mémoire, sont la matière même de ses livres. Pourtant, c'est seulement en 2012 qu'Annie Ernaux retourne à Yvetot sur invitation de la ville de Normandie qui l'a vue grandir. Elle vient y donner une conférence sur son travail qui y est intimement lié. Ce retour en tant qu'écrivaine est un véritable événement littéraire et c'est cet événement qui est retranscrit ici. À la suite de ce texte lu par Dominique Blanc, Annie Ernaux se remémore, dans un entretien inédit, des moments de son enfance et de sa jeunesse à Yvetot à travers des photographies qu'elle a choisi de commenter.
« Les livres ont donc constitué très tôt le territoire de mon imaginaire, de ma projection dans des histoires et des mondes que je ne connaissais pas. Plus tard, j'y ai trouvé le mode d'emploi de la vie, un mode d'emploi auquel j'accordais beaucoup plus de confiance qu'au discours scolaire ou au discours de mes parents.
J'étais encline à penser que la réalité et la vérité se trouvaient dans les livres, dans la littérature. » A.E